vendredi

Debat: Pour ou Contre

Un couple français vient d’être reconnu par la justice comme parents de jumelles nées d’une mère porteuse américaine. Le débat est relancé : pour ou contre la légalisation des mères porteuses ?


POUR par Marie-Françoise Colombani
Le droit à l’enfant, superlatif affamé du désir d’enfant, est devenu aujourd’hui une revendication qui n’est plus négociable. Ainsi les homosexuels qui veulent arracher le droit d’adopter. Ou le phénomène des « bébés Thalys » – du nom du train qui emmène chaque année en Belgique et aux Pays-Bas des milliers de lesbiennes pour une insémination artificielle interdite en France aux femmes célibataires. Ou encore les maternités tardives poussées jusqu’à un âge surréaliste, les ventes d’ovocytes sur Internet, etc. La science, dans le domaine de la survalorisation du ventre plein ou désespérément vide, ne relève plus de la fiction. Et des docteurs Folamour s’éclatent un peu partout dans le monde avec le business lucratif que cela entraîne. Actuellement, c’est « la gestation pour autrui » ou GPA – euphémisme pour désigner les « mères porteuses » – qui refait débat en France. Faut-il l’autoriser ? Oui ! Et sans états d’âme. Non par compassion ou empathie pour les participants à la course à l’enfant. Et pas davantage au nom du principe fumeux de la liberté de disposer de son corps et donc de se faire payer pour porter l’enfant d’une autre. Mais parce que nous sommes entourés de pays qui l’autorisent* et que
l’hypocrisie serait absolue si l’on continuait à fermer les yeux sur les 400 couples qui y ont recours chaque année et les milliers qui la tentent. Si l’on ne veut pas qu’un trafic s’installe, voire une nouvelle forme de prostitution – les proxénètes ont de l’imagination –, il faut autoriser, légiférer et, par conséquent, encadrer.

CONTRE par Dorothée Werner
« Utérus à louer » : cette petite annonce fleurit sur Internet, dans toutes les langues et à tous les prix. Et l’on devrait légaliser ? Au nom d’un pragmatisme benêt, parce que d’autres pays l’ont fait, parce que quelques rares couples français s’y risquent, parce que d’habiles lobbyistes de la cause, blanchie sous l’appellation « gestation pour autrui », font le forcing ? Rappelons-leur que l’existence de certaines pratiques ne justifie en aucun cas leur légalisation (l’inceste, par exemple, dont l’interdiction structure notre société). Rappelons-leur également que certaines choses autorisées à l’étranger (la peine de mort, par exemple) ne le sont pas en France, et qu’il est permis de s’en réjouir. Légaliser
la pratique des mères porteuses reviendrait à étendre le champ du commerce au corps humain. A mépriser tout ce que la psychanalyse nous a appris au XXe siècle sur le lien mère-enfant, tissé dès la vie intra-utérine. A réduire des femmes (des « sous-mères » ?) à leur seul utérus. A légaliser l’abandon contractuel, voire salarié, au mépris des enfants à venir... Tout cela au nom de quoi ? Du désir d’enfant. C’est l’une des questions les plus taboues de nos sociétés occidentales : doit-on tout faire, et même les plus invraisemblables bidouillages, pour que les couples stériles malheureux puissent avoir un enfant malgré tout ? Avoir un enfant est-il un « droit » ? La réponse est non. La loi n’est pas faite pour satisfaire nos désirs et nos fantasmes, mais bel et bien pour y mettre des limites. Et protéger l’humanité de sa propre folie.

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